Un pont entre générations s’effondre : décès d’Abdoul Aziz Mbaye

C’est une page importante de la tradition orale sénégalaise qui se tourne. Le président des communicateurs traditionnels du Sénégal, Abdou Aziz Mbaye “Mame Fama”, est décédé ce dimanche soir à l’hôpital Hôpital Fann de Dakar, des suites d’une courte maladie, selon des sources concordantes. Figure respectée du monde des griots et des médiateurs sociaux, M. Mbaye incarnait le pont entre […]

C’est une page importante de la tradition orale sénégalaise qui se tourne. Le président des communicateurs traditionnels du Sénégal, Abdou Aziz Mbaye “Mame Fama”, est décédé ce dimanche soir à l’hôpital Hôpital Fann de Dakar, des suites d’une courte maladie, selon des sources concordantes.

Figure respectée du monde des griots et des médiateurs sociaux, M. Mbaye incarnait le pont entre les générations au sein de ce patrimoine immatériel sénégalais. Il avait su allier son statut de fonctionnaire à celui de porte‑voix des valeurs culturelles : la transmission, le dialogue, la préservation des coutumes. Son dernier acte public remonte à la cérémonie officielle du Gamou de Tivaouane, où il officiait comme maître de cérémonie — un rôle symbolique, à la croisée de l’oralité, de la spiritualité et de la communauté.

Sa disparition crée un vide certain au sein de la confrérie tidiane ainsi que de la communauté des communicateurs traditionnels, pour laquelle il était un fédérateur. Homme de paix, ancien fonctionnaire de l’administration, il avait voué sa vie à promouvoir le dialogue entre acteurs culturels, à encourager la transmission des savoirs et à veiller à ce que les coutumes sénégalaises ne soient pas submergées par la modernité galopante.

Dans l’un de ses portraits, on le décrit comme « un homme d’équilibre et de nuance, cultivé et intègre ». On y rappelle aussi que son père appartenait au cercle des érudits autour de Cheikh Seydi Hadj Malick Sy, et que M. Mbaye avait su tirer de cette filiation une légitimité morale pour agir dans le champ de la tradition orale.

Les témoignages affluent déjà de tous côtés. Dans une ère où le patrimoine immatériel est plus que jamais menacé, la perte d’un « gardien » comme M. Mbaye est une alerte. Mais elle est aussi une invitation à poursuivre le travail qu’il avait engagé : celui de rapprocher les sociétés, de laisser une voix aux griots et médiateurs, et de maintenir vivante la mémoire collective.

La date et les modalités des funérailles devraient être annoncées prochainement. En attendant, la communauté culturelle ainsi que le grand public se réuniront pour honorer l’œuvre de celui qui a tant œuvré à consolider les ponts entre oralité et modernité, entre tradition et administration.

Source : https://xalimasn.com/2025/10/19/un-pont-entre-gene...